PARTIR AUTOUR DU MONDE, À BICYCLETTE ?
Avez-vous déjà pensé à partir ? Faire le tour du monde pour rencontrer de nouvelles cultures, s’ouvrir aux autres et découvrir des modes de vie différents du nôtre ? Vous savez, cette idée qui nous traverse tous l’esprit un jour…
Et bien c’est le défi complètement fou que s’est lancé Anthony Marque, un auvergnat de 29 ans : un tour du monde à vélo en solitaire, un an pour découvrir les modes de production responsables partout dans le monde, changer les mentalités et promouvoir des filières durables et qui fonctionnent.
Alors, ça vous tente ? Prenez votre plus beau sac à dos, votre crème solaire et en selle, direction Bogota en Colombie, où Anthony est arrivé il y a trois semaines, après 7500 kms de voyage (et une crevaison, à Dakar).
La naissance du projet Latitudes Food
C’est en décembre dernier qu’Anthony est parti sur son vélo de la place de Jaude, à Clermont-Ferrand. Son tour du monde débutait sous les applaudissements de ses proches. Le projet Latitudes Food qu’il a créé avec cinq amis prenait enfin son envol. Le but ? Braquer les projecteurs sur les solutions d’avenir et sensibiliser sur les questions de l’alimentation responsable, en partant à la rencontre des « vrais » gens : « Je ne voulais pas me rapprocher des personnalités déjà présentes dans les média, pour rendre le projet plus visible. Ca n’aurait pas eu de sens. Mon but est de donner la parole à de petits producteurs, qui travaillent la terre tous les jours, et qui savent comment la nourrir, et nous nourrir. »
L’idée a germé dans son esprit il y a plusieurs années. Comme beaucoup, il a eu l’envie d’aller à la rencontre des autres, et de s’ouvrir sur le monde.
Mais où partir quand on a soif de découverte ? La réponse est simple : partout !
Le tout en faisant passer un message citoyen utile à l’humanité, c’est encore mieux non ? !
« J’ai été incapable de choisir un pays à visiter. Alors, je me suis dit qu’il fallait tous les faire. A la base du projet, je ne voulais pas voyager pour le perso. Voyager pour voyager ne m’intéressait pas.
J’ai donc cherché une cause à mettre en valeur. L’alimentation est présente partout dans le monde, et la manière dont elle est produite est parfaitement représentative de la culture d’un pays. Je ne voulais pas attendre qu’une femme ou un homme politique s’empare du sujet et nous fasse passer le message à notre place, nous, citoyens. Parce que oui, on peut changer notre manière de consommer, ce qui a un impact sur tous les pays de la planète. Alors je suis parti pour rencontrer des producteurs responsables et durables.
Avec ce voyage, j’ai vu et je vois tous les jours les répercussions de nos achats au quotidien sur les petits producteurs et la planète, que ce soit en France ou partout ailleurs. Quand on sait qu’en France, l’alimentation représente plus de 170 milliards d’euros par an, c’est évident que notre consommation quotidienne a un impact.»
Entre rencontres et prises de conscience
L’une des rencontres dont Anthony se souviendra longtemps est celle de Floréal en Espagne, qui a une production responsable dans le sud du pays. Mais avant cette rencontre, Anthony a dû traverser les productions intensives de tomates et d’aubergines dont on entend si souvent parler.
« Je me suis retrouvé dans le sud de l’Espagne, dans la région d’Almeria, et j’ai dû longer ces productions de tomates. Honnêtement, c’était une horreur… Impossible de poser la tente nulle part. Il y avait des kilomètres de serres partout et à perte de vue ! Une vraie catastrophe, un désastre écologique. En plus, j’ai perdu beaucoup de temps là-bas. Le vent était de face, et soufflait fort. Pas évident avec le vélo. Et puis, l’odeur de pourriture des cultures était horrible. Sans parler des personnes qui y travaillent : les groupes propriétaires engagent des immigrés, souvent sans contrat, qui n’ont nul part où se loger, et qui sont payés une misère… Ce sont ces tomates que nous mangeons en France en hiver. »
Est-ce que ce genre d’expériences lui a donné envie d’abonner l’aventure et de revenir en France ? Non, bien au contraire.
« Physiquement c’était éprouvant. Mais après cette vision d’horreur, je suis arrivé chez Floréal. Sa production d’oranges et d’avocats se trouve dans une petite vallée de montagne encaissée. Ca change de paysage ! Floréal a une force de persuasion assez incroyable. Il produit tout de manière éthique et responsable, et emploie des personnes avec de vrais contrats, qu’il paye correctement. Il s’est mis dans un groupement de producteurs et cela fonctionne ! Il se fout d’avoir les labels bio.»
Au Sénégal, Anthony a rencontré des pêcheurs de sardines, qui est une des bases de l’alimentation du pays. Sa façon de penser s’est fortement renforcée après cela. En effet les pêcheurs sénégalais se font piller par les bateaux européens.
« Un jour, je me suis fait embarquer par un pêcheur sénégalais sur son bateau. Enfin, un bateau… un coque de noix plutôt ! Ce n’était pas du tout prévu, et j’étais là, dans la barque qui bougeait trop pour me tenir debout, à 25 kilomètres des côtes, avec un pêcheur qui ne parlait pas français. C’était incroyable ! Jamais je n’aurais cru faire ça un jour dans ma vie. Ce qui était fou, aussi, c’était de voir concrètement les répercussions de notre consommation européenne sur la vie quotidienne des gens. La plupart des pêcheurs n’ont plus de travail parce que les bateaux européens viennent pêcher les sardines sur leurs lieux de pêche. Et pourquoi ? Pour en faire de la farine à donner à manger aux saumons d’élevage, que nous mangeons en Europe. On marche sur la tête ! Et on se permet de faire ça, simplement parce qu’on est plus riche qu’eux. Ce n’est pas juste. »
La suite du projet
Anthony partira ce week-end de Bogota, à la rencontre de producteurs locaux de café, qui ont mis en place des coopératives responsables, et des productions respectueuses de l’environnement.
Il a également lancé un site : Latitudes Food, où il raconte toutes ses aventures à travers un blog et des vidéos qu’il partage sur les réseaux sociaux.
Récemment, il a publié une lettre ouverte au Président de la République, Emmanuel Macron, qu’il a relayé sur Facebook. La vidéo qui pose des questions essentielles sur le développement durable, a déjà fait plus de 25 000 vues. Il attend désormais la réponse du Président.
N’hésitez pas à partager cet article et à découvrir son site et son projet incroyable en suivant son aventure !
Article de Maxime.
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