Comment être écolo tout en prenant une bière à l’apéro
C’est une question importante qui pourrait bien changer vos modes de consommations. N’oublions pas que la France est un pays particulièrement familier de l’apéro. Je pense même que cette pratique a été inventée dans l’hexagone.
Prendre une bière à l’apéro tout en étant écolo
L’OCDE ne déconne pas avec la question et affirme que les français font partie des plus gros consommateurs d’alcool et de tabac au monde.
Pour le tabac il faudra repasser, nous n’avons pas de solution écologique. Le mieux c’est de réduire votre consommation ou bien d’arrêter dès que vous pouvez. Pour l’alcool, c’est une autre histoire. Il s’agit de prendre conscience du mot modération.
Une bière fraîche au bon moment
En choisissant de boire une bière locale, en plus de soutenir l’artisanat local, vous permettez d’économiser près de 36% des émissions totales de CO2 sur l’ensemble des processus de fabrication d’un pack de 6. Le problème c’est qu’il n’est pas toujours facile de trouver une bière locale au moment où vous avez l’envie de consommer une petite mousse bien fraîche. C’est pourquoi je me suis posé cette question, afin de trouver la meilleure alternative au cas où il n’y aurait pas de bière bio brassée au coin de la rue.
Nous avons décidé de faire une petite enquête afin de vous apporter le maximum d’éléments pour vous orienter dans votre choix. Étant donné que personne dans la rédaction de SAUVAGES n’est spécialisé dans la binouze, nous avons décidé de nous intéresser aux principaux acteurs du secteur afin de poser les bases.
C’est un peu comme ça que je suis tombé sur le slogan d’un bilan RSE plutôt sympa, « Brassons un monde meilleur ». Je venais de tomber dans les filets de Heineken. Attention cet article n’est pas sponsorisé.
La marque nous a donné des chiffres afin que nous puissions comprendre les modes de consommation et ainsi donner une assise à notre enquête. S’intéresser au mode de consommation le plus écologique pour se rafraîchir avec une bonne bière peut paraître un peu farfelu mais quand on y pense bien, c’est la base.
Heineken au service de la planète
La marque s’affirme dans un mouvement qui compte beaucoup pour SAUVAGES, à savoir rendre le développement durable désirable pour le plus grand nombre. L’objectif est d’attirer l’attention des consommateurs sur la marque et de leur faire prendre conscience qu’il y a une histoire et des pratiques responsables cachées dans la bouteille de cette marque qui fait partie de leur paysage quotidien. C’est important qu’une marque comme Heineken se lance dans cette bataille. Cette marque est extrêmement connue à travers le monde et très appréciée. Cela fait d’elle un influenceur important qu’il ne faut pas négliger pour porter haut les couleurs du développement durable. De plus, en tant qu’entreprise, elle a une vraie responsabilité compte tenu de son influence.
J’ai eu la chance de discuter avec Valentine Noury, la responsable influence media chez HEINEKEN France. Face à mes nombreuses questions, Valentine m’a très gentiment organisé un call avec Sandra Benjilani qui est la Responsable Pôle Communication Externe & RSE chez HEINEKEN France.
Ce petit « name-dropping » est important pour vous montrer combien le sujet est pris au sérieux dans les plus hautes sphères. Il y a de nombreuses actions qui sont menées pour réduire l’impact carbone mais aussi la consommation d’énergie et d’eau nécessaire au brassage de la bière.
Certaines marques font de la réduction de l’impact écologique un vrai un argument de vente. La brasserie new-yorkaise Brooklyn Brewery utilise de l’énergie éolienne pour toutes ses opérations. Les hipsters de Williamsburg dans Brooklyn se voient donc totalement décomplexés de leur consommation bière.
La grande question est de savoir si je dois choisir de boire ma bière dans une canette, dans une bouteille en verre ou bien si je dois choisir une pression.
La répartition de la consommation pour Heineken en 2017 est de 76% en fûts, 16% en bouteilles et 8% en canettes. Le distributeur France Boissons qui appartient au groupe Heineken et qui distribue l’ensemble des marques du groupe donne des chiffres encore plus marquants, 93% de pressions et 7% en bouteilles pour la consommation FOBO (cafés-hôtels-restaurants).
La guerre entre canette et bouteille en verre
La canette semble être plus écologique que la bouteille en verre dans son cycle de vie, bien que sa conception soit plus polluante. La raison est l’exploitation de bauxite. Pour faire 300 grammes d’aluminium il faut deux fois plus d’énergie que pour fabriquer une bouteille en verre de taille équivalente : 2,07 kilowattheures d’électricité pour une canette contre 1,09 kilowattheures pour une bouteille.
Une canette de bière classique contient 40% d’aluminium recyclé.
La filière de recyclage de l’aluminium est très importante en France. Les économies d’énergie qu’on accumule en recyclant une tonne d’aluminium sont bien plus importantes que dans le cas du verre.
Sans sa charge liquide, une canette moyenne pèse moins de 30 grammes. La bouteille, elle, atteint les 170 grammes. Cet écart de poids fait une vraie différence en termes d’émissions globales de gaz à effet de serre, puisque les produits plus lourds nécessitent plus de carburant pour leur transport. Pour faire simple, si vous êtes en montagne le mieux c’est la canette.
Une bouteille de bière rejette 20 % de gaz à effet de serre de plus qu’une canette d’après les calculs de l’institut allemand Wuppertal lorsqu’on tient compte du voyage d’un camion qui traverse le pays.
Ne pas voir le verre à moitié vide.
Les entreprises de tri séparent généralement les bouteilles marrons, vertes et de couleur claire avant leur traitement, un effort compliqué et coûteux. Se débarrasser du verre de couleur verte consomme beaucoup d’énergie (c’est surtout à cause des métaux – comme le fer et le cuivre – qui servent à le teinter). Heineken a annoncé en avril 2018 un partenariat avec la start-up marseillaise Terradona et sa solution Cliiink®. L’objectif est de développer le geste de tri dans les zones urbaines et augmenter le taux de recyclage. Cliiink® est un dispositif d’incitation au tri 2.0 qui vise à améliorer le recyclage du verre et le taux de valorisation des déchets. Les bouteilles Heineken contiennent jusqu’à 90 % de verre recyclé. D’où l’importance de recycler les bouteilles. Il est donc essentiel que les consommateurs adoptent les gestes de tri qui permettent ensuite le recyclage des emballages.
La consigne pas forcément la meilleure des solutions.
Les bouteilles en verre seraient plus écologiques si, une fois leur contenu vidé, on pouvait les remplir de nouveau avec un système de consigne. Certes, le transport en camion pour rapporter les bouteilles à la brasserie engendre des coûts énergétiques. Néanmoins, selon une étude commandée par la Commission européenne (2001), les récipients « re-remplis » sont largement plus écologiques que les bouteilles et canettes à usage unique. En effet, si on considère qu’une bouteille remplie à nouveau est utilisée 20 fois, et que les bouteilles en verre utilisées pendant ce temps sont recyclées à un taux de 42 % (on est à 90 % pour Heineken) la bouteille re-remplie l’emporterait sur les solutions jetables, à condition que la distance entre la brasserie et le débit de boisson de proximité soit inférieure à 4.197 kilomètres. Le pire dans l’histoire c’est que les professionnels de la boisson le soulignent : les bouteilles re-remplies seraient encore plus écologiques si elles étaient fabriquées avec du polyéthylène téréphtalate, PET donc du plastique à la place du verre.
La vraie solution d’une bière fraiche pourrait bien être les bouteilles en Inox.
Le gros problème des canettes c’est qu’elles ne sont pas réutilisables. La solution de la bouteille en aluminium pourrait être intéressante mais le revêtement intérieur utilisé pour les canettes n’est pas écologique.
L’inox pourrait résoudre ce problème à court terme mais l’idéal est tout de même de penser à un revêtement intérieur en cellulose pour les contenants en aluminium. De manière générale, les bouteilles de ce type permettent d’optimiser le poids et aussi lever le frein de la consommation bas de gamme de la canette. Bien souvent on dénigre la canette puisqu’elle contient moins de CO2 et donne l’impression d’être moins fraiche. En réalité l’aluminium permet de rafraichir plus rapidement la bière et de faire encore des économies d’énergie.
Imaginez si les industriels se donnaient la peine de bien penser cette fameuse nouvelle bouteille. En plus d’être plus facilement recyclable et plus légère, il est possible de lui donner un second usage immédiat après consommation avec un système de fermeture réutilisable. C’est déjà le cas pour les gourdes de campeurs. L’exemple parfait : vous partez en montagne avec votre bière. Une fois désaltéré en haut de la montagne, vous pouvez remplir votre bouteille d’eau dans le ruisseau, la refermer et continuer votre balade. Vous avez le choix de la conserver ou bien de la redonner à la consigne.
Quand on voit ces belles images il y a de quoi rêver non ?
Concrètement ce soir vous pouvez passer à la pression.
En attendant une prise de conscience des brasseurs afin qu’ils adoptent massivement les bouteilles avec des consignes, il reste la solution de la bonne pression.
La bière à la pression est le meilleur moyen de boire en respectant l’environnement, du moins pour l’instant. Les fûts peuvent en effet durer entre 15 et 20 ans. Ils sont lourds, mais le rapport entre la taille de ce conditionnement et la quantité servie fait qu’ils restent moins lourds que des bouteilles de verre. En admettant un poids de 13,4 kilos à vide, un fût d’un peu moins de 59 litres équivaut à 81,65 grammes de conditionnement par bière de 340 grammes.
Tout est une question de mesure. Finalement le mieux est de boire une bonne bière tout en créant un lien social. C’est pourquoi nous conseillons fortement aux personnes de se rendre au bar à pieds ou bien en vélo, dans le pire des cas. Ne prenez pas votre voiture ce n’est plus écolo et cette option est à éviter lors de vos débuts dans l’apprentissage de la modération.
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